LEUBOUGATE TOME I : DE QUELS MATRICULES FICTIFS PARLENT LOUIS PAUL MOTAZE ET SA BANDE DE CYBER-CRIMINELS ?

Le régime de Paul Biya, vieux de 37 ans, se nourrit de ça pour se perpétuer : de la manipulation, du mensonge et de l’enfumage. Comme

c’est le cas en ce moment dans le cadre de la crise anglophone, ce régime a l’art de distraire les Camerounais des vrais crimes et des

véritables criminels. Depuis plus d’un an, on nous parle de la chasse aux fonctionnaires fictifs, de la chasse aux matricules fictifs. On nous présente Emmanuel Leubou comme étant le Madoff camerounais, l’homme aux 2000 et quelques salaires à partir de matricules fictifs.

Depuis quelques mois, de faux profils Facebook créés par ce régime présentent des plumes critiques tels Remy Ngono, Patrice Nganang, Jean Bruno Tagne, Mimi Mefo comme étant des fonctionnaires fictifs. On nous présente certains journaux de l’opposition (radio, télé, presse écrite) comme des bénéficiaires de salaires fictifs Pourtant, le problème se trouve ailleurs.

Des investigations menées depuis un mois par nos soins aussi bien au ministère des Finances qu’au ministère de la Fonction publique et au

Tribunal criminel spécial ont révélé que ce n’est pas un problème de matricules fictifs qui est en jeu mais un autre fléau bien plus grave entretenu par un réseau très puissant avec des ramifications jusqu’au

sommet de l’Etat du Cameroun. Lorsque nommé ministre des Finances le 2

mars 2018, Louis Paul Motaze lance une croisade contre les

fonctionnaires fictifs, je suis l’un des rares journalistes qui exprime son scepticisme quant à cette initiative. Contacté par mes

soins à l’époque, un fonctionnaire à peine retraité et mon voisin dans

un quartier de Yaoundé qui venait de passer plus de 25 ans au ministère de la Fonction publique m’a confié qu’on ne peut pas lancer

une campagne contre les fonctionnaires fictifs sans y associer le ministère de la Fonction publique car c’est le ministère de la Fonction publique qui créé les matricules.

D’après une autre source au ministère de la Fonction publique, si matricules fictifs il existe, c’est bien le ministère de la Fonction

publique qui est à blâmer car c’est ce ministère qui attribue des matricules aux fonctionnaires : « la cellule informatique de la

Direction des Dépenses, des Pensions et du Personnel à la direction du Budget du ministère des Finances ne peut pas créer des matricules fictifs, ce n’est pas possible ! », soutient le fonctionnaire. Parler

de matricules fictifs c’est discuter du sexe des anges. Dire qu’Emmanuel Leubou, ancien chef de la cellule informatique au ministère des Finances a créé des matricules fictifs relève de la pure folie.

Louis Paul Motaze fait dire à certains médias camerounais à sa solde qu’il va bientôt rayer 22 000 matricules fictifs du fichier solde.

Alors c’est simple. Qu’il publie la liste de ces matricules fictifs ainsi que leurs titulaires, les montants qu’ils ont perçus et les périodes desdites perceptions, les banques (il en est la tutelle) ou alors les structures par lesquelles ces fonctionnaires fictifs ont perçu des salaires. Par la suite, que le ministère des Finances publie

la liste de ces fonctionnaires qui se verront adresser des ordres de recette ou alors qui seront poursuivis devant les tribunaux pour détournements de deniers publics. Autrement, il ne s’agit ni plus ni moins que c’est de la prestidigitation, de l’agitation.

Après avoir démontré qu’il est impossible qu’on ait créé des matricules fictifs au ministère des Finances, place au problème qui se

trouve au centre de ce qu’il est convenu d’appeler l’ « affaire Emmanuel Leubou ». Il ne s’agit pas d’une affaire de matricule fictif mais des mécanismes d’avances de solde indues qui sont par la suite annulées. Et c’est la Direction des Dépenses, des Pensions et du Personnel de la direction du Budget du ministère des Finances qui est au cœur de la magouille. En quoi consiste le système ? Un fonctionnaire qui touche mensuellement 200 000 FCFA bénéficie de 10

mois d’avance de solde. Il se rend à sa banque pour percevoir 2 millions de FCFA au mois de janvier. Au mois de février, mars, avril…pareil. Et aussitôt qu’il perçoit cette somme à la banque, l’avance de solde est immédiatement annulée chaque mois.

Par ce mécanisme frauduleux, un fonctionnaire qui touche 100 000 FCA

le mois peut se retrouver avec 5 à 10 fois son salaire chaque mois. Et les fonctionnaires qui s’engraissent ainsi sur le dos du contribuable camerounais sont ceux-là qui ont des matricules réguliers. Quand Louis Paul Motaze déclare qu’il a lancé l’opération COPPE (compte physique du personnel de l’Etat), il n’y a donc pas de doute que les

fonctionnaires qui bénéficient du mécanisme des avances de soldes

fictifs aient été comptabilisés. Quel problème cette opération a résolu ? Aucun, car il s’agit d’un vaste réseau qui, à la décharge du

ministre, va au-delà de sa personne et même de la personne de ses

prédécesseurs. Plusieurs militaires, gendarmes, policiers, douaniers,

magistrats, inspecteurs des Impôts, enseignant d’université et bien d’autres hauts fonctionnaires à la présidence, au Premier Ministère perçoivent des avances de solde de cette manière illicite.

C’est donc parce qu’Emmanuel Leubou, à son arrivée à la tête de la Direction des Dépenses, des Pensions et du Personnel de la Direction

Générale du Budget du ministère des Finances en janvier 2015 a voulu

donner un coup de pied dans cet essaim d’abeilles que ces dernières ont surgi pour le dévorer en le jetant en prison le 4 mai 2018. C’est

parce qu’il a voulu mettre fin à ce système mafieux que les membres de cette mafia organise son procès sur les réseaux sociaux en lui

attribuant de milliers de salaires imaginaires et même en lui collant une peine de 104 ans de prison par un procureur spécial adjoint qui

n’existe nulle part au Tribunal criminel spécial à Yaoundé. Pourtant, depuis plus d’un an qu’il est en prison, le procès de Leubou ne s’est jamais ouvert. Pourquoi ? Affaire à suivre !

PROCHAINEMENT, DANS LE TOME 2, LES NOMS DE TOUTES LES PERSONNALITES

(DONT UNE MAGISTRATE) QUI GRAVITENT AUTOUR DE L’ARRESTATION D’EMMANUEL

LEUBOU.

Par Michel Biem Tong, web-journaliste en exil

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