APRÈS L’ASSASSINAT DE UM, MOUMIÉ, OUANDIÉ ERNEST ET OSSENDE AFANA ONT-ILS EU RAISON DE CONTINUER LE COMBAT APRÈS LES INDÉPENDANCES ?

Une fois, à l’émission « La tribune de l’histoire », le Pr. ABWA Daniel a affirmé que la lutte armée était injustifiée après les indépendances. Parce qu’elle aurait causé plus de tort que de bien au Cameroun et aux Camerounais.
Mais moi, ce qui m’interroge un peu, c’est l’acte du gouvernement Ahidjo de combattre les upécistes. Et de se rendre complice de leur assassinat systématique. Quel était le projet? Contrairement à ce que Daniel Abwa raconte, j’aimerais bien savoir comment il justifie que les upécistes auraient dû pouvoir se regarder dans la glace après avoir collaboré avec un gouvernement taillé à la volonté des français responsables de leurs massacres, des massacres des populations camerounaises, du refus d’une indépendance réelle et totale et de l’assassinat de leurs leaders charismatiques. Il faut nier à ces hommes leur bonne foi pour penser que l’UPC aurait dû se rallier au pouvoir en place. Alors que la pseudo-indépendance préconisait un black-out sur le passé. La génération actuelle aurait vomi sur ces hommes assurément. Ils ont lutté avec conviction et selon la vérité qui s’imposait dans leur esprit à cette époque. Et qui est universelle : on ne pactise pas avec l’ennemi, l’assassin, le dérobeur, le voleur de dignité.
Ceux qui pensent que la lutte armée aurait dû s’arrêter reprochent à ces hommes leur conviction. Ce qui est soit de l’ignorance, soit la tentative de blanchiment des traîtres. Il faut le dire haut et fort. Ahidjo fut un traître de la cause indépendantiste à ce moment. Et un complice de l’assassinat des siens en acceptant de jouer les larbins pour la France. Car il n’y avait pas eu d’indépendance à cette époque. Il a agi par intérêt personnel, point. La lutte armée se justifiait du moment où l’indépendance était mensonge et que la colonisation se transformait en néocolonisation à travers des sous-préfets noirs d’outre-mer. Pour des combattants, ceci était inacceptable. Le seul drame est que cette lutte se transformait en un combat fratricide. Le manipulateur français aux commandes en retrait. 
L’hypocrisie voulait donc que la France puisse se justifier en disant que c’est l’État-Cameroun qui mène une guerre contre ceux qui étaient automatiquement mis sous l’étiquette de « rebelles ». Terme juridique pour condamnables. Le reproche fait à Ouandié, Ossende et autres d’avoir continué le combat après la pseudo-indépendance devient une indigestion totale. C’est Ahidjo qui aurait dû refuser de jouer le jeu de combattre ses propres frères sachant que leur combat était légitime et justifié. D’ailleurs, on se demande si sa tentative de réaliser le rêve upéciste, à savoir unifier le Cameroun et le lancer sur la voie de l’indépendance réelle et d’un développement sûr (œuvre que reprend son successeur aujourd’hui, heureusement pour nous), n’était pas un aveu de reconnaissance du bien fondé du combat de ceux qu’il avait massacré et aidé à massacrer hier. Ahidjo devrait donc être jugé au tribunal de l’histoire avec toute la froideur nécessaire. 
Leur collaboration, lui et ses camarades de l’époque, a ouvert trop de possibilités à la France. La preuve, on dit que le même modèle servit au colon pour installer la France-Afrique ailleurs. En d’autres termes, si le groupe Ahidjo avait refusé l’offre française, notre histoire se serait écrite autrement. Et probablement contre le colon. Ils auraient dû refuser. Tout Camerounais de l’époque aurait dû refuser. L’UPC de Um ou de Moumié ou de Ouandié-Ossende aurait peut-être réussi notre indépendance il y’a longtemps. Même si l’exemple angolais, où les hostilités viennent de terminer, nous dit le contraire, car ce sont les indépendantistes qui avaient pris le dessus là-bas, notre guerre à nous aurait été une guerre de Camerounais contre Français sans Camerounais interposés. Sans qu’on fut obligé de verser nous-mêmes du sang des nôtres à tort ou à raison. La lutte armée après les indépendances était justifiée. C’est la collaboration du gouvernement de l’époque qui ne l’est pas.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.